Bon, Même si vous ne vous êtes pas demandé une seule seconde ce que devenait cet énergumène qui fit quelques brèves apparitions sur le forum et lâcha sa prose tel un toulousain un lendemain de cassoulet par temps de grand vent, eh bien je m'en vais vous l'conter noun dé Diéou!!
Cet hiver, je pris mon escargot sauvage (CBR 600 F de 1999 - satan l'habite) pour me rendre sur mon lieu de travail. Quelques tours de roues, arrivée en ville et petit remontage de file des familles, tranquille comme d'hab, et comme des milliards de motards le font, l'ont ait et le feront avant moi...
J'étais occupé à remonter la file, vigilant, mon oeil acéré (comprendre aigle planant en alitude et quettant sa proie lapinesque dans les fourrés) tentant de déceler les frasques des automobilistes matinaux en déficit de caféine. Mon fameux "oeil de lynx" comme m'appelaient les potes (lors de notre époque "puceaux sauvages") ne remarqua malheureusement pas cette gentille dame, deux voitures plus loin, qui, se rendant compte qu'elle avait oublié de tournée à gauche pour amener sa fille au collège, vit une autre route tournant à gauche et derechef mit son clignotant en tournant à gauche brutalement.
Route mouillée, pneus à peu près totalement froids, bref. Je vous fais un dessin? Je pris les freins à pleine mains (comme s'il s'agissait du cou de mon percepteur des impôts dans mes fantasmes les plus torrides) et tentai d'immobiliser mon escargot sauvage. Rien n'y fit! Las! Ce qui devait arriver arrivationna!
La roue avant se bloquit, la moto se dérobit sous moi, et je tomba.
2paule gauche en avant, histoire de voir si une attaque style rugbyman en folie aurait le pouvoir de péter le bitume qui s'apprêtait à m'accueillir avec convivalité. Nenni! La route fut plus solide que mon épaule!
Un boum, un crac, un "Aïe, putain de merde de bite à cul de connasse de pétasse qui tourne comme une vieille merde!" fort heureusement étouffé par mon casque fermé (Dieu merci), et me voilà gisant sur l'asphalte, sur le dos, grosse douleur dans le torse et dans l'épaule. Je sais déjà que c'est pas grave, mais en essayant de me relever, je constate que ça me fait diablement mal. Alors même si je suis viril, sans souffrance et fort comme un turc qui aurait fait son camp d'entraînement à Mykonos, je préfère rester au sol, histoire, on ne sait jamais, de ne pas faire rentrer une côté potentiellement pétée dans un poumon, voire pire.
La connass... Pardon. La dame qui avait commis cette incivilité s'approche paniquée en disant que pardon elle avait pas vu, qu'elle était totalement dans son tort le plus profond et qu'elle aimerait mourir devant moi pour se faire pardonner (on verra plus tard que lorsque la frayeur de l'accident sera passée, elle changera totalement de ligne de défense). J'y dis que pas grave, mais que j'me relève pas histoire de pas agraver.
Un jeune homme qui s'était targué d'avoir son brevet de secourisme me propose de m'aider à me relever. "Fuck off" lui dis-je en bon français, ce que l'on peut traduire par: "vous êtes fort aimable mon bon ami, mais je pense que je vais encore rester quelques instants à profiter du confort des infrastructures routières en pensant l'accouplement des papillons dont je vous suggère l'exemple à mettre en pratique avec le gros Robert, qui est à cette heure ci en train d'écluser son premier verre de blanc de la journée au PMU de la place principale." Il me propose alor de me trainer vers le trottoir, histoire de faire en sorte que le trafic puisse reprendre. Là, j'ai bien peur d'avoir été impoli.
Les pompiers de grenade arrivent alors et me prennent en charge (et chuis pas léger, donc charge, c'est le bon mot). Enlevage du casque, enlevage du blouson, merci d'ailleurs de pas l'avoir découpé, immobilisation totale et hop!! Dans l'ambulance! On va faire pin pon jusqu'à l'hosto!!
Ce que devient ma moto? Je ne sais. Ce que devient la conass... la gentille dame? Je ne sais point non plus. Tout e dont je me souviens, c'est de cette charmante pouff... Qui vint me voir juste avant que je me fasse embarquer en me disant d'un air hyper stressé: "elle avait mis son clignotant, je suis témoin, j'ai tout vu, elle avait mis son clignotant, son clignotant j'vous dis, elle l'avait mis. C'était bien sonc lignotant, j'ai tout vu..." Avant d'être emenée gentiment par un gendarme intéressé de recueillir sa déposition qui allait être si charmante à mon endroit.
Arrivée à l'hosto, vérification des signes vitaux. "Il est en danger de mort?" "nan" "Il saigne comme un goret?" "nan" "Il hurle à la mort qu'il a mal et qu'il en peut plus?" "Nan!"
"Bon, ben c'est bon, il attend"
Deux heures plus tard, on va faire une radio. Bilan, une côte pétée.
A ce prix là, j'aurais pu me relever direct... Mais bon, je rergette pas quand même, on sait jamais.
Sortie de l'hosto, et retour vers le garagiste qui a fort obligeamment embarqué ma brêle (moyennant la modique somme de 127€ pour faire les 5 km qui séparent le lieu de l'accident et son misérable cul de basse fosse). Je découvre mon amour, ma première moto, celle qui a toléré mes erreurs de débutant, celle qui m'a accompagné sur mes premières pistes, celle enfin que je regardais tous les matins avec amour avant de la démarrer... Ce fut un déchirement. Le garde-boue avant explosé, le carénage avant défoncé, les flancs de carénage pulvérisés... Pleine de boue, de terre mélangée d'herbe...
Merde. Je peux vous dire que j'étais dégoûté. J'en ai pleuré.
Je la fais sortir de la turne du voleur qui l'avait recueillie, et la ramène chez mon pote Nico. On regarde de plus près, et on s'aperçoit que c'est que du carénage.
Bref, je vous passe les détails, les assurances qui font tout pour pas suivre, les experts qui tirent les prix vers le bas, les négociations âpres, le rachat de la machine déclarée épave ( alors là, bande de salopards, je vous retiens!), et l'achat d'une nouvelle machine...
Enfin. Ce fut une bien triste avanture.
Mais le bilan de tout ça est positif:
J'ai un CBR 600F de 1999 qui attend un carénage piste pour finir sa vie de la manière la plus noble qui soit, J'ai un Yam YZF R6 de 2008 (en full, mais chhhhhht, ce sera notre petit secret) pour faire de la route, et peut-être un peu de circuit si le coeur m'en dit.
J'ai une bonne expérience administrative des chutes
J'ai pas trop de bobo!!
Haut les coeurs! Dès que je récupère un carénage décent (Nicoooooo????), j'vous descends. Gnark Gnark Gnark.
_________________ C'est en potant qu'on devient potiron
Faut faire toucher les sliders! Pas les cale pieds!!
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